La vie moderne, son rythme effréné et ses multiples sollicitations tendent à affecter négativement la santé mentale des salariés. Cette dernière est une composante essentielle de la santé et de plus en plus d’entreprises prennent le sujet à cœur. En effet, le travail peut être lui aussi un facteur bénéfique à la santé mentale (comme physique) mais aussi un facteur de dégradation de celle-ci. Quoiqu’il en soit, l’employeur a un rôle à jouer dans la préservation du capital santé de ses salariés.
Quelles peuvent être les différentes causes et conséquences de la dégradation de la santé mentale au travail ? Quelles sont les obligations de l’employeur en la matière ? En tant que salarié, comment préserver sa santé mentale et l’améliorer ? Et en tant qu’employeur, que faire pour améliorer la santé mentale de ses salariés ? Réponses dans la suite de notre article.
Sommaire de l'article
La santé mentale au travail, de quoi parle-t-on ?
La santé mentale est définie par l’OMS comme étant “un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté.”
Quelles sont les différentes formes de souffrance psychologique au travail ?
Les souffrances psychologiques au travail sont plus communément appelées les risques psychosociaux ou troubles psychosociaux. Ces risques pour la santé mentale regroupent généralement :
- Le stress au travail ;
- Les violences internes (harcèlement, conflits, etc.) ;
- Les violences externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions, etc.).
L’exposition à ces risques peut avoir des conséquences graves sur la santé des salariés : maladies cardio-vasculaires, affections psychiques, épuisement professionnel (burn-out), dépression, voire suicide.
Quelques chiffres autour de la santé mentale au travail
Voici quelques chiffres à propos de la santé mentale en entreprise, en France :
- Pour 76% des salariés, l’employeur est le garant de la santé mentale de ses collaborateurs (source : La santé mentale en France et dans les entreprises, Enquête de OpinionWay pour Psychodon, avril 2021) ;
- En 2021, la moitié des entreprises interrogées a été confrontée à un arrêt maladie dans le cadre de RPS (burn-out, stress, dépression) (source : Baromètre des accidents du travail et des maladies professionnelles 2021, BDO France) ;
- 88% des salariés jugent que les risques de burn-out ou de surmenage sont une dimension importante dans la réflexion des entreprises sur le télétravail (source : Odoxa, juin 2020) ;
- 70% des salariés déclarent que leur travail est nerveusement fatigant (source : Malakoff Mederic Humanis, 2019).
L’épidémie de Covid-19 a eu un impact non négligeable sur la santé mentale des français :
- Les affections psychiques (troubles psychosociaux) au travail ont augmenté en 2020 : 37% de plus qu’en 2019 (source : L’essentiel 2020, santé et sécurité au travail, Assurance maladie, 2021) ;
- Depuis 2017, les RPS concernaient 33% des entreprises en moyenne. En 2020, cela concernait 51% des entreprises (baromètre des accidents du travail et des maladies professionnelles 2021, BDO France)
Les causes et conséquences de la dégradation de la santé mentale au travail
Les causes les plus fréquentes de la dégradation de la santé mentale au travail sont :
- Le mode d’organisation du travail : nouveaux modes de management, surmenage, surcharge de travail (burn-out), difficulté à effectuer ses tâches, sous-charge de travail (bore-out) etc. ;
- Des violences internes et ou externes : situations de harcèlement moral ou sexuel au travail, conflits avec ses collègues ou sa hiérarchie ;
- Un environnement de travail stressant, du stress permanent ;
- Un manque de sens donné à ses missions (brown-out).
Les symptômes liés à la souffrance psychique au travail peuvent être :
- Émotionnels : difficultés de concentration et de mémorisation, nervosité, inquiétudes, irritation, etc. ;
- Physiques : douleurs musculaires, insomnies, maux de tête, perte d’appétit, vertiges, etc. ;
- Comportementaux : pensées négatives, isolation, consommation d’alcool, de tabac, de sucre, absentéisme, etc.
L’exposition à ces situations de travail peuvent avoir des effets désastreux sur la santé globale : épuisement professionnel, troubles musculo-squelettiques, syndromes anxio-dépressifs, suicide, etc. C’est pourquoi il faut agir rapidement lorsque les symptômes sont présents mais surtout bien en amont afin de prévenir ces situations complexes.
Les coûts de l’absentéisme dus au mal-être sont de 3 500 euros par salarié et par an, soit 7% de la masse salariale en France
Source : Baromètre Ayming, 2017
Quelles obligations pour l’employeur ?
« L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. » (Article L4121-1 du Code du travail). Il a donc l’obligation de veiller à la santé mentale de ses employés au travers de plusieurs actions :
- Evaluation des risques dans l’environnement de travail ;
- Actions de prévention des risques professionnels ;
- Actions d’informations et de formations ;
- Une organisation et des moyens adaptés pour que le travail puisse être réalisé convenablement et en sûreté ;
- Former et informer autour des RPS : harcèlement en entreprise, à la gestion des incivilités, à la prévention des risques psycho-sociaux, etc.
Que mettre en place concrètement pour prévenir les RPS ? Nous vous donnons 10 actions dans notre webinaire. Au programme : les étapes clés d’une démarche de prévention des RPS et 10 idées d’actions concrètes pour prévenir les RPS au travail. ?
A qui faire appel en cas de détérioration de la santé mentale au travail ?
En interne, vous pouvez demander de l’aide à :
- Votre employeur : il est responsable de la santé et la sécurité de ses travailleurs, il doit donc être informé par écrit des faits dont vous seriez victime ;
- Votre manager de proximité ;
- Les institutions représentatives du personnel : les délégués du personnel s’ils existent ou le CSE (Comité Social et Economique) ;
- Le médecin du travail, le service de santé au travail ;
- Vos collègues si vous avez besoin de soutien.
A l’extérieur de l’entreprise, vous pouvez être aidé par :
- Le médecin traitant ;
- Les syndicats ;
- Les associations d’aide aux victimes.
Comment préserver et améliorer sa santé mentale au travail ?
Salarié : comment préserver sa santé mentale au travail ?
En tant que salarié, voici quelques conseils à appliquer afin de préserver sa santé mentale :
- Prendre régulièrement des pauses dans la journée pour s’étirer, boire, méditer, écouter de la musique, etc. ;
- Demander de l’aide en cas de besoin et apprendre à déléguer lorsque le surmenage se fait ressentir ;
- Aider ses collègues : le fait d’être en position d’aidant peut aider à réduire le stress ;
- Apprendre à dire non : il faut reconnaître ses limites et avouer que l’on ne peut pas tout faire ;
- Pratiquer une activité physique régulière : le sport est un antidépresseur, rien que de marcher 30 minutes par jour est déjà très bénéfique pour la santé ;
- Structurer ses journées pour être efficace et ne pas se sentir débordé ;
- Porter son attention sur ses réussites et sur le positif dans son travail.
Ce qu’il ne faut surtout pas faire :
- Se renfermer sur soi, s’isoler ;
- Ne pas consulter un spécialiste ou demander de l’aide lorsque le problème s’envenime ;
- Se surmener au travail ;
- Ecouter les informations toute la journée (ce qui peut vite être anxiogène) ;
- Être trop exigeant avec soi-même.
Employeur : comment améliorer la santé mentale des salariés au travail ?
Il vaut mieux prévenir que guérir. Pour améliorer la santé mentale des salariés et lutter contre la souffrance, l’employeur doit donc :
- Anticiper les risques psychosociaux grâce à l’évaluation des risques inscrits dans le Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER) ;
- Mettre à la portée de tous les salariés un règlement intérieur et des ressources sur la santé mentale ;
- Veiller au respect des visites périodiques chez le médecin du travail afin d’interroger les salariés sur leur état de santé ;
- Favoriser une meilleure qualité de vie au travail et être à l’écoute de ses collaborateurs ;
- Former et sensibiliser ses salariés ainsi que les managers : à la gestion des conflits, à la prévention du burn-out, du harcèlement en entreprise, etc.
- Maintenir un environnement sain : le personnel doit se sentir à l’aise lorsqu’il travaille. Cela passe par les conditions de travail et l’ambiance générale ;
- Diffuser des questionnaires en interne pour mesurer la santé mentale (et globale) de ses salariés ;
- Communiquer autour de la santé mentale et prendre le sujet au sérieux : aucun salarié ne doit se sentir honteux de traverser un épisode de stress, de dépression ou d’anxiété. Cela arrive à de nombreuses personnes.
Il peut également :
- Encourager la relaxation (salles de sieste, lieux pour se détendre, etc.) et mettre en place des ateliers pour lutter contre le stress (cours de méditation, séance de sophrologie, massages assis en entreprise, etc.) ;
- Encourager les salariés à prendre des congés.
Voici deux exemples d’actions mises en place chez nos clients pour améliorer la santé mentale de leurs salariés :
- La Croix Rouge Française : améliorer la santé mentale de ses professionnels du travail social. L’association a fait appel à nous pour mettre en place des atelier autour de la gestion du stress.
- Le Groupe Upward : prendre soin de la santé des salariés ayant un métier complexe et prenant. Le groupe a souhaité améliorer le bien-être de ses salariés à l’aide d’ateliers et de formations.
Et quand c’est trop tard, comment prendre en charge le mal-être au travail ?
S’il est trop tard et que des salariés sont en souffrance, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour faire cesser ce mal-être. Il doit :
- Accompagner les salariés en souffrance et chercher des solutions adaptées ;
- Collaborer avec les médecins du travail ou les spécialistes ;
- Sensibiliser les salariés sur leurs droits et les démarches face à un problème de santé.
Il peut également faire appel à une aide extérieure : réaliser un audit, ou une enquête sur les RPS en interne afin de comprendre l’origine des souffrances existantes.
Les salariés heureux seraient 31% plus productifs, 6 fois moins absents, 9 fois plus loyaux et 55% plus créatifs, selon une étude menée par Harvard et le MIT.
Conclusion
Depuis 2020 et la dégradation de la santé mentale des français, de plus en plus d’entreprises ont pris le sujet de la santé mentale au travail à coeur. Prendre soin de ses salariés est une nécessité pour améliorer la productivité et diminuer l’absentéisme. Pour cela, il convient de préserver la santé mentale de ses salariés afin d’éviter le moindre drame et de réagir vite lorsque le mal-être est présent. En tant que salarié, il faut faire très attention à ne pas se surmener au travail afin d’éviter le burn-out et apprendre à déléguer. Il ne faut surtout pas hésiter à demander de l’aide en cas de besoin. Enfin, avoir une vie saine (alimentation équilibrée, activité physique régulière) permet de préserver sa santé mentale et physique et donc de se sentir plus épanoui.