Les risques psychosociaux dans l’industrie restent encore trop peu identifiés. Ils sont souvent moins reconnus que les risques physiques. Rythmes soutenus, horaires contraignants, cadences, aléas techniques, coordination complexes, les métiers industriels exposent pourtant les équipes à de nombreux facteurs de tension.
Quels sont ces facteurs de risques ? Comment agir pour prévenir les RPS et soutenir les métiers exigeants de l’industrie ? Voici les clés pour mieux comprendre et mieux prévenir.
Sommaire de l'article
Les risques psychosociaux dans l’industrie : état des lieux
Nous associons souvent les risques psychosociaux (RPS) au secteur tertiaire, aux fonctions support ou encore aux métiers relationnels. Nous oublions souvent que l’industrie n’échappe en rien à ces enjeux. La réalité du travail industriel montre que la santé mentale est un sujet tout aussi essentiel, mais encore trop peu reconnu.
Lorsque nous pensons aux RPS, nous imaginons surcharge cognitive, tensions relationnelles, ou pression commerciale. Mais dans l’industrie, d’autres réalités peuvent influer sur la santé psychologique :
- Les cadences et l’intensité du travail,
- Le travail posté (nuit, rotations),
- L’exposition physique (bruit, gestes répétitifs, manutentions),
- Les réorganisations successives, fréquentes dans un contexte d’optimisation continue.
Ces éléments ne rendent pas l’industrie plus exposée que d’autres, mais ils créent un terrain de vigilance spécifique, souvent relégué au second plan derrière la prévention des risques physiques.
– À l’échelle nationale, plus d’une entreprise sur deux a été confrontée à un arrêt maladie dans le cadre des RPS (BDO France, 2021)
– La proportion de salariés exposés à plusieurs contraintes professionnelles simultanées est passée de 6 % en 1984, à 35 % en 2013.(DARES, 2014)
Ces chiffres ne visent pas spécifiquement l’industrie, mais ils rappellent que tous les secteurs sont concernés, y compris ceux que nous associons traditionnellement à la pénibilité physique plutôt qu’à la santé psychique.
Ainsi, le secteur de l’industrie n’est pas isolé de ce risque. Cela renforce l’enjeu de mieux comprendre comment les réalisations interagissent avec la santé mentale des opérateurs, techniciens ou équipes de production.
Les facteurs de risques des RPS dans l’industrie
Si les risques psychosociaux concernent l’ensemble des organisations, leur compréhension repose sur un cadre bien identifié : les sept familles de facteurs de risques, qui permettent d’analyser finement ce qui, dans le travail, peut fragiliser la santé mentale.
Appliquées au secteur industriel, ces familles prennent une résonance particulière, compte tenu des contraintes techniques, organisationnelles et humaines propres à ces environnements
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Les 7 familles de facteurs qui contribuent aux RPS
Les risques psychosociaux s’expliquent rarement par un seul élément. Ils résultent plutôt d’une combinaison de facteurs issus de ces sept grandes familles :
- L’intensité et la complexité du travail : cadence, exigences de qualité, charge cognitive
- Les exigences émotionnelles : relation au public, gestion d’incidents, pression en cas d’aléas
- Le manque d’autonomie : marges de manœuvre limitées, procédures strictes
- Les rapports sociaux au travail : communication, soutien, coopération, reconnaissance
Les conflits de valeurs : travail empêché, dilemmes éthiques, qualité empêchée - L’insécurité socio-économique : précarité perçue, incertitude, restructurations
- Les horaires et l’organisation du travail : travail de nuit, posté, 3×8, longues amplitudes
(encadré) Ces familles de risques sont transversales : elles existent dans tous les secteurs. Toutefois, leur intensité et leur configuration peuvent varier considérablement d’une industrie à l’autre.
Les facteurs de risques psychosociaux dans le secteur de l’industrie
Dans l’industrie, les sept familles prennent souvent des formes particulières, liées au fonctionnement des lignes de production, des équipes de maintenance ou des opérations logistiques. Parmi les principaux facteurs de vigilance :
- L’intensité et la complexité élevées du travail
La production, la maintenance ou la logistique imposent souvent :
- Des impératifs de cadence,
- Une forte dépendance aux aléas techniques,
- Une exigence de précision élevée,
- Une vigilance constante.
- Les horaires atypiques et travail posté
Travail de nuit, rotations rapides, 2×8 ou 3×8…Ces organisations perturbent les rythmes biologiques, réduisent la vie sociale et augmentent le risque de fatigue chronique, des facteurs reconnus de vulnérabilité psychosociale.
- L’autonomie réduite et forte culture du contrôle
Les environnements industriels sont souvent très cadrés : procédures strictes, normes de sécurité, modes opératoires, pilotage serré des performances.
Cette organisation peut limiter les marges de manœuvre et renforcer la sensation de faible contrôle sur son travail.
- Les rapports sociaux au travail dégradé
La structure hiérarchique, peut limiter la communication, la prise d’initiative ou la reconnaissance du travail réel.
Cela peut nourrir un sentiment d’inefficacité, d’invisibilisation ou de perte de sens.
Pris à part, ces facteurs ne suffisent pas à expliquer les RPS. Combinés, ils peuvent entraîner :
- Du stress persistant,
- Un sentiment d’inefficacité,
- De la démotivation,
- Une fatigue émotionnelle,
- Une perte de sens.
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Quelles conséquences sur la santé et la sécurité ?
Les facteurs de risques psychosociaux présents dans l’industrie ne restent jamais sans effet. Ils influencent à la fois la santé des salariés, la sécurité sur les postes et la performance globale de l’entreprise. Comprendre ces impacts est essentiel pour mesurer l’ampleur des enjeux et la nécessité d’une prévention adaptée.
- Les conséquence sur la santé
Lorsque les contraintes psychosociales s’installent ou s’accumulent, elles peuvent entraîner un large éventail de troubles. Ils peuvent aussi bien toucher le mental que le physique :
- Stress chronique, fatigue persistante
- Troubles anxieux, irritabilité, perte d’estime de soi
Burn-out ou épuisement professionnel - Troubles musculo-squelettiques (TMS), souvent aggravés par la tension mentale et le manque de récupération
- Maladies cardiovasculaires, dont la survenue est favorisée par le stress prolongé
Dans l’industrie, les contraintes physiques se combinent souvent à des exigences organisationnelles fortes. Ces conséquences peuvent être plus rapides à apparaître ou plus difficiles à repérer, car elles se mêlent aux problématiques de pénibilité déjà connues.
La santé mentale et la santé physique sont intimement liées : un salarié stressé récupère moins, se blesse davantage et développe plus facilement des troubles musculo-squelettiques.
- Les conséquences sur la sécurité
Les risques psychosociaux constituent également un facteur direct de sécurité. Lorsque la charge mentale dépasse les capacités d’adaptation, Nous observons :
- Davantage d’erreurs, notamment dans les tâches répétitives ou critiques,
- Davantage d’incidents et de chutes,
- Une hausse des accidents du travail, liée à la baisse de vigilance ou à la fatigue.
Dans l’industrie, le travail sur machines, en hauteur ou en zones sensibles est fréquent. Ainsi, la vigilance psychologique devient essentielle pour garantir la sécurité opérationnelle. Si un salarié est préoccupé, stressé ou épuisé, il n’aura pas le même niveau d’attention qu’un salarié serein et reposé.
- Les conséquence sur l’entreprise
Une mauvaise santé mentale réduit la concentration (-39 %), l’énergie (-55 %), et l’engagement (-40 %). (CFDT, 2025)
Au-delà des impacts humains, les RPS affectent directement le fonctionnement de l’entreprise :
- Absentéisme, lié aux arrêts pour troubles psychiques ou somatiques,
- Turnover plus élevé, notamment sur les postes postés ou sous forte contrainte,
- Perte de productivité, baisse de qualité, ralentissement des flux,
- Désengagement, baisse de motivation et de proactivité,
- Climat social dégradé, conflits, perte de confiance envers l’encadrement.
Et au final : un coût significatif, direct (remplacements, arrêts maladie) et indirect (perte de compétences, non-qualité, retards)
Comment Goalmap peut vous accompagner pour prévenir les RPS dans le secteur de l’industrie
Dans l’industrie, la prévention des RPS peut prendre différentes formes selon les sites, la structure ou le contexte : démarche d’évaluation anticipée, plan d’action après un événement marquant, ou encore travail continu d’amélioration du climat social.
Mais une condition reste essentielle pour que la démarche soit durable : l’engagement clair et assumé du top management, indispensable pour légitimer les actions sur le terrain.
Découvrez comment mettre en place une démarche de
prévention des RPS en 5 étapes
Un questionnaire RPS
Afin de vous accompagner au mieux dans votre démarche de prévention des risques psychosociaux selon votre secteur, Goalmap a développé un questionnaire RPS. Celui-ci permet d’obtenir un diagnostic clair de la situation et d’un plan d’action avec des initiatives adaptées pour améliorer le climat social dans votre entreprise.
Notre questionnaire RPS est conçu comme un véritable outil de prévention. Il s’appuie sur les recommandations officielles (INRS, Santé Publique France…) et sur des échelles reconnues (Karasek, Copsoq, Gollac).
Comment cela marche ?
- Nous construisons un questionnaire personnalisé avec des questions additionnelles, adapté à vos métiers et à votre entreprise
- Les réponses sont analysées par axes (service, site, ancienneté…) pour une vision précise.
- Les résultats sont transformés en un plan d’action priorisé : sensibilisation, ateliers, formations.
Avec cet outil d’aide à la décision, vous obtenez :
- Des données exploitables pour votre DUERP et votre politique de prévention.
- Une cartographie claire des zones de tension dans l’entreprise.
- Un plan d’action prêt à être déployé en moins de 10 jours.
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Les 4 leviers d’action à activer pour agir sur les facteurs de risques psychosociaux dans l’industrie
Dans les environnements industriels, certains leviers sont particulièrement efficaces pour réduire l’exposition aux RPS et améliorer le vécu du travail :
- Réguler la charge et le rythme de travail
La gestion de la cadence et de la charge est centrale dans un secteur où le rythme peut être soutenu. Les managers peuvent agir à travers plusieurs pratiques clés :
- Définir des objectifs précis avec chaque membre de l’équipe
- Clarifier les priorités, surtout en période de forte activité
- Vérifier la compatibilité entre la charge de travail et les ressources disponibles
- Construire collectivement des ajustements lorsque la charge devient trop lourde
- Organiser des points réguliers d’avancement, pour réagir avant que la surcharge n’apparaisse
- Faciliter la conciliation travail-vie privée
Dans l’industrie, les horaires postés, de nuit ou en 3×8 peuvent peser lourd sur l’équilibre de vie. Quelques actions fortes permettent d’alléger cette contrainte :
- Adapter les horaires autant que possible aux contraintes personnelles, dans une logique d’équité
- Donner une visibilité claire et stable sur le planning ; éviter les changements de dernière minute
- Co-construire les plannings avec les équipes
- Ne pas solliciter les salariés en dehors de leurs horaires et ainsi encourager la déconnexion
- Veiller au respect du temps de travail et éviter que les longues journées deviennent la norme
- S’assurer que chacun prend bien ses congés et ses temps de repos
- Donner de l’autonomie
L’autonomie est un puissant levier de motivation et de réduction du stress — y compris en environnement industriel très cadré.
- Associer les équipes aux décisions qui les impactent
- Laisser de la liberté sur la façon d’atteindre les objectifs, lorsque c’est possible
- Encourager la prise d’initiative
- Soutenir le développement des compétences, en proposant formation et montée en responsabilité
- Développer une culture du respect et de la reconnaissance
Les relations de travail jouent un rôle majeur dans la prévention des RPS : un climat respectueux protège, tandis qu’un climat tendu fragilise fortement les équipes.
- Montrer l’exemple en adoptant une communication respectueuse
- Bannir et sanctionner toute forme de violence, notamment verbale
- Intervenir rapidement en cas de conflit et favoriser des résolutions sereines
- Éviter le favoritisme et la mise en concurrence qui dégrade la confiance
- Féliciter et reconnaître le travail accompli, valoriser les résultats et les efforts
D’autres types d’actions peuvent être mis en place par les entreprises avec des effets plus ou moins durables sur les risques psychosociaux :
• Gestion du stress (techniques de relaxation, conférences autour de la résilience et de la gestion du stress, formation Techniques d’Optimisation du Potentiel, etc.) ;
• Formation à la gestion des conflits ;
• Entretiens individuels avec un spécialiste de la gestion du stress ;
• Entretiens avec un psychologue du travail.
Pour aller plus loin et prévenir les risques psychosociaux dans la durée, il est important de former et sensibiliser ses salariés et ses managers aux RPS :
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Les RPS dans l’industrie sont trop souvent invisibles. Ils ne sont pas forcément plus graves qu’ailleurs, mais ils sont moins identifiés, moins discutés, et donc moins prévenus.
Replacer la santé mentale au cœur du dialogue industriel est aujourd’hui une nécessité pour les salariés comme pour la performance durable des sites.
Ne laissez pas les signaux faibles s’installer. Donnez la parole à vos équipes dès aujourd’hui et transformez ces données en actions qui comptent vraiment.
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