Les TMS, de quoi parle-t-on ? 

Le terme TMS désigne les troubles musculosquelettiques. Les TMS regroupent de nombreuses pathologies qui affectent les muscles, les tendons et les nerfs. En constante augmentation, les TMS sont présents dans tous les secteurs d’activité et correspondent à la maladie professionnelle la plus répandue en France.

Les TMS sont principalement localisés au niveau des épaules, des coudes, du rachis, des poignets/ mains et des genoux.  

Ces TMS peuvent être regroupés en 2 catégories, les maladies professionnelles et les accidents du travail. 

Les maladies professionnelles concernent la fatigue inhérente au travail de manutention qui contribue au fil des ans à des blessures musculosquelettiques chroniques et les maladies d’usure : lombalgies, arthroses, sciatiques, hernies discales, etc.

Pour les accidents du travail cela concerne les accidents lombaires dus aux contraintes sur la colonne (lumbago, hernie discale, déchirure musculaire …) mais également les entorses, fractures, etc.

Le saviez-vous ?

Une quinzaine de troubles musculosquelettiques sont actuellement reconnues comme maladies professionnelles 

Source : Régime général 

Quel est le cadre réglementaire des TMS ?

Les TMS sont des sujets très sérieux à prendre en compte dans le monde du travail, c’est pour cela qu’un cadre réglementaire a été mis en place. 

L’employeur doit veiller à l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations existantes.

L’article L.4121-1 du code du travail précise que  » L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.” 

Ces mesures comprennent : 

  • Des actions de prévention des risques professionnels
  • Des actions d’information et de formation
  • La mise en place d’une organisation et de moyens adaptés

L’article L4121-2 précise également que l’employeur doit mettre en œuvre les mesures prévues à l’article précédent sur le fondement des 9 Principes Généraux de Prévention :

  1. Éviter le risque 
  2. Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités 
  3. Combattre les risques à la source 
  4. Adapter le travail à l’Homme 
  5. Tenir compte de l’état de l’évolution de la technique 
  6. Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux 
  7. Planifier la prévention 
  8. Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle 
  9. Donner les instructions appropriées aux travailleurs 

Comment mettre en place une démarche de prévention des TMS en 5 étapes ?

Voici une démarche de prévention contre les TMS en 5 étapes : 

1. Comment informer et mobiliser ?

Afin d’informer et mobiliser sur les TMS il est nécessaire de les situer et contextualiser dans l’entreprise mais également de communiquer sur l’intérêt de les prévenir, mobiliser les acteurs internes/ externes et créer un groupe de travail. Pour cela : 

Il est important de situer la prévention à mettre en place en fonction de votre situation. 

Pour cela il existe 3 types de prévention : 

  • Prévention primaire : 
    • Prévenir et anticiper les risques: 
      • Evaluer les risques dès la conception d’un poste (essai du matériel avant achat, avis des salariés sur plan…)
  • Prévention secondaire : 
    • Limiter et corriger 
      • Être attentif aux symptômes  (douleur, plainte, stress…)
      • Être réactif pour éviter les complications (arrêt de  travail, démotivation…)
      • Adapter le poste en tenant compte de la problématique
  • Prévention tertiaire : 
    • Réparer : 
      • Traiter les dommages
      • Anticiper la reprise du travail
      • Adaptation spécifique à la pathologie…

La prévention primaire est la plus privilégiée car c’est également la plus efficace !

Pour une bonne démarche TMS il est important de s’appuyer sur les acteurs internes et externes. 

Parmi les acteurs internes vous pouvez compter sur : 

  • La direction ; 
  • Les RH ;
  • Le responsable HSE ;
  • Le service méthodes ; 
  • Le CSE/ CSSCT  ;
  • L’encadrement intermédiaire ;
  • Les salariés  ;

Parmi ces acteurs internes, les dirigeants ont pour rôle d’initier, de développer et de manager la prévention. Les opérateurs ont pour rôle de participer à la maîtrise des risques professionnels et à l’ACT. Les ressources humaines ont pour mission de coordonner et d’animer la démarche de prévention. 

En plus de ces acteurs internes il est possible de s’appuyer sur des acteurs externes, parmi eux nous pouvons citer : 

  • Le SST (service de santé au travail) constitué de médecins du travail, ergonomes, infirmiers en santé au travail, IPRP…
  • La CARSAT (Caisse d’Assurance Retraite et de Santé Au Travail)
  • L’ARACT (Action Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail)
  • L’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles)

2. Comment reconnaître les risques liés aux  TMS ?

Afin de reconnaître les risques il est important d’examiner les documents internes afin de recueillir les données sociales (absentéisme, pyramide des âges, turn-over…).  Il est également essentiel de croiser et analyser l’ensemble des données recueillies, comparer les données en interne et au secteur d’activité pour repérer les situations à risques de TMS. Pour cela plusieurs documents internes doivent être mis en place : 

  • Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP)
  • Fiche d’entreprise (FE)
  • Comptes-rendus de CSE ou du CSSCT
  • Déclarations AT/MP

L’analyse et le croisement de ces documents et des données quantitatives vont permettre de déterminer :

  • Les situations de travail/ ateliers/ métiers les plus à risque de TMS
  • Les populations les plus à risque de TMS
  • Les pathologies les plus récurrentes, les parties du corps les plus touchées par les TMS

860 000 jours de travail sont perdus en raison des arrêts de travail des salariés touchés

Ameli 

3. Comment analyser les situations de travail à risque ? 

Afin d’analyser les situations de travail à risque il faut pouvoir identifier les facteurs de risque de TMS et évaluer ces situations selon des critères objectifs pour les hiérarchiser. 

Pour cela il faut d’abord pouvoir identifier quelles sont les causes des TMS. Il existe pour cela deux composantes professionnelles qui sont principalement à l’origine de leur survenue : une composante biomécanique et une composante psychosociale.

Certains éléments liés à l’individu tels que l’âge, les antécédents médicaux, etc. et certaines nuisances physiques et environnementales peuvent accentuer les effets de ces composantes. 

Les composantes biomécaniques sont dues à des efforts excessifs, forte répétitivité des mouvements, positions articulaires extrêmes, travail prolongé dans la même position. 

Les composantes psychosociales sont dues aux stress, manque d’autonomie, perte de sens du travail, conflits. 

Toujours dans le but d’éviter ces TMS il existe des outils d’identification et d’évaluation pour analyser les facteurs de risque dans une entreprise. 

Pour cela il faut tout d’abord s’intéresser à l’activité de travail, les conséquences sur l’entreprise et les conséquences sur les salariés. Ce qui permet ensuite d’utiliser les outils d’évaluation tels que 

4. Comment maîtriser les risques ?

Afin de pouvoir maîtriser les risques il faut être capable d’établir un plan d’action de prévention pour modifier les situations de travail. Il est également indispensable d’impliquer les salariés dans la modification des situations de travail, de mettre en œuvre ce plan d’action selon les priorités définies et d’intégrer les facteurs de risque de TMS dans le cahier des charges de tout nouveau projet. 

Pour faciliter les axes d’améliorations plusieurs aspects peuvent être mis en place tels que : 

  • Les aspects organisationnels : travailler à 2, former le personnel, réflexion sur les plannings, polyvalence ;
  • Les aspects psychosociaux : autonomie et marge de manœuvre, acquisition de nouvelles compétences, donner du sens au travail… ;
  • Les aspects techniques : utiliser le matériel à disposition, adopter des gestes et postures d’économie d’effort… 

Pour cela il existe différents types de formations au sujet des gestes et postures et des TMS : 

Toujours dans le but de réduire les TMS voici 6 principes de sécurités et d’économies d’efforts pour porter une charge : 

  1. Superposer les centres de gravité : positionnement près de la charge ;
  2. Assurer l’équilibre : position des pieds écartés et décalés ;
  3. Fixer la colonne vertébrale : pour le respect des courbures naturelles ;
  4. Assurer les prises : placement des mains pour prise efficace de la charge ;
  5. Travailler avec les cuisses : utilisation de la force des muscles des jambes fléchies ;
  6. Porter bras tendus, déplacer la charge en utilisant la cuisse et travailler en équipe : économie d’effort.

Il existe également les principes de prévention des TMS afin de varier et alterner les gestes et postures en voici des exemples : 

  • Le port de charge léger/ lourd ;
  • Les sollicitations musculaires ;
  • Le contenu des tâches (tâches monotones, tâches variées) ;
  • La posture de travail assis/ debout ;
  • Le travail statique/ dynamique.

Il est également important afin de réduire les TMS de réaliser des éveils musculaires . 

L’éveil musculaire est une manière efficace de prévenir les TMS, notamment parce qu’il permet :

  • D’augmenter la fréquence cardiaque et respiratoire : le corps est mieux approvisionné en oxygène et donc en énergie ;
  • D’augmenter l’élasticité des tendons et d’assouplir les muscles ;
  • D’améliorer la coordination motrice ;
  • D’augmenter la production de synovie (liquide lubrifiant des articulations) etc.

Pour être efficace, l’éveil musculaire doit être régulier, instauré dans la culture de l’entreprise.

Il est également fortement recommandé de réaliser des étirements au travail.

Les étirements diminuent la tension musculaire mais aussi l’anxiété, le stress et la fatigue. 

D’un point de vue physiologique et biomécanique, les exercices d’étirement :

  • Augmentent le flux sanguin qui nourrit les muscles et éliminent les déchets ; 
  • Diminuent la tension musculaire ; 
  • Entretiennent voire augmentent la flexibilité et l’amplitude articulaire. 

70 % des arrêts de travail sont en lien avec le mal de dos

Ameli

5. Comment suivre les résultats ?  

Enfin, lorsque toutes ces démarches ont été mises en place, il est important de suivre leurs résultats. Pour cela il est important de définir des indicateurs d’évolution des TMS, de réévaluer le risque de TMS pour s’assurer de l’efficacité des actions engagées et de mettre à jour le DUER. 

Voici des exemples d’indicateurs qualitatifs et quantitatifs pour évaluer l’évolution des TMS dans son entreprise :

  • Nombre de MP déclarées/ reconnues ;
  • Nombre d’AT déclarés/ reconnus ;
  • Inaptitudes prononcées par le médecin du travail ;
  • Nombre de postes aménagés ;
  • Satisfaction des aménagements de poste ;
  • Douleurs ressenties par articulation dans les 12, 6, 3 derniers mois, etc.

Quels sont les liens entre les TMS et l’hygiène de vie ?

Même si les TMS sont souvent associés au travail, d’autres facteurs associés à l’hygiène de vie peuvent également être facteurs d’aggravations. 

Une bonne hygiène de vie au quotidien est la première des méthodes pour contribuer à prévenir l’apparition de troubles musculosquelettiques. Voici comment avoir une bonne hygiène de vie : 

  • Bien dormir : la récupération est essentielle. Les troubles du sommeil sont bien souvent à la base de nombreux autres problèmes de santé ;
  • Equilibrer ses repas, la surcharge pondérale est un facteur aggravant ;
  • Soigner le petit-déjeuner qui permet de recharger le corps et l’esprit en énergie avant de démarrer la journée ; 
  • Entretenir sa masse musculaire : de nombreux problèmes de dos ou d’articulations pourraient être évités avec un minimum d’entretien des muscles abdominaux ;
  • S’hydrater avant, pendant et après le travail pour éviter les blessures musculaires. Privilégier l’eau, éviter sodas ou boissons énergétiques ;
  • Reconnaître ces signes de fatigue car on tend à se blesser lorsqu’on est moins vigilant ;
  • Éviter le tabagisme et la consommation d’alcool qui favorisent l’apparition de TMS. 

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