Chaque année, 10% des accidents du travail sont dus aux chutes de hauteur (selon la classification SEAT).
Le travail en hauteur est un métier qui comporte des dangers et des risques d’accidents parfois irréversibles.
De nombreux travailleurs sont amenés à travailler en hauteur : professionnels du BTP, agents de réseaux électriques, agents d’entretien et techniciens de maintenance des entreprises, travailleurs du spectacle… Ces travailleurs sont en permanence confrontés à ces risques il est donc important de les former sur le travail en hauteur.
Qu’est-ce que le travail en hauteur ? Quels sont les risques ? Comment prévenir ces risques ?
Nous répondons à toutes ces questions dans la suite de notre article.
Sommaire de l'article
C’est quoi le travail en hauteur ?
Un travail est considéré en hauteur lorsque l’activité n’est pas réalisée au sol mais depuis une position élevée, une position à proximité d’une dénivellation ou un équipement qui surélève la personne (toiture, pylône, mezzanine, équipement de travail en hauteur, fouille, nacelle, passerelle, etc.).
Le travail en hauteur peut désigner plusieurs situations de travail résultant de l’emplacement du travail (toiture, charpente, passerelle, pont, poteau, pylône, arbre…) ou de l’utilisation de certains équipements (échelles, échafaudages, plates-formes de travail…).
Les principales professions à risque sont :
- Professions du BTP : électriciens, charpentiers, maçons, peintres… ;
- Installateurs d’antennes ;
- Nettoyeurs de vitres, de façades ;
- Animateurs de parcs de loisirs, techniciens du spectacle ;
- Certains techniciens de maintenance ;
- Aides à domicile ;
- Le secteur du transport, notamment lors du déchargement en hauteur (citernes, débâchage…).
Les réglementations du travail en hauteur :
Jusqu’au 1er septembre 2004, le travail en hauteur désignait tous les postes situés à plus de 3 mètres. Cette notion n’est plus valable aujourd’hui. En effet, les mesures de prévention des risques de chute doivent être mises en place quelle que soit la hauteur de l’activité.
Pour maintenir la sécurité, la loi a mis en place des réglementations :
- Disparition de la notion de 3 mètres ;
- Obligation de mettre en place une protection contre le risque de chute, quelle que soit la hauteur dès lors que le danger ne peut être supprimé ;
- Obligation de réaliser des travaux temporaires en hauteur à partir d’un plan de travail conçu, installé ou équipé. Cela permet de préserver la santé et la sécurité des travailleurs lorsque le travail n’est pas exécuté au sol et quelle que soit la hauteur, et permettant l’exécution des travaux dans des conditions ergonomiques (Art. R 4323.58 du CT).
Les causes et risques liés au travail en hauteur
Le travail en hauteur est la cause de nombreux accidents du travail.
Environ 100.000 accidents par an, avec arrêt, et 100 décès par chutes avec dénivellation.
Source : La Sécurité sociale
Le secteur le plus touché reste celui de la construction avec plus de la moitié des accidents mortels causés par des chutes de hauteur.
Les chutes peuvent survenir depuis :
- Des toitures, charpentes, terrasses de bâtiments… ;
- Des moyens d’accès à des zones en surélévation : échelles, escaliers, passerelles… ;
- Des pylônes ou d’autres équipements de travail (échafaudage, camion citerne…).
Les chutes de hauteur représentent la 3ème cause d’accidents du travail et la 2ème cause de décès.
Source : la classification SEAT
Les chutes de hauteur sont souvent causées par :
- Un manque de formation ;
- Une défaillance ou méconnaissance du matériel ;
- Une négligence des règles de sécurité ;
- Une absence d’organisation du travail.
Le travail en hauteur est une activité à risque. Il est donc primordial que les entreprises informent leurs salariés sur les risques de ce métier et les forment sur l’utilisation des outils de travail.
6 grands principes de prévention des risques liés au travail en hauteur
Identifier les situations de travail à risques
Pour limiter les risques liés au travail en hauteur, il faut identifier en amont les situations à risques. Pour cela, il est important de veiller à la préparation du travail afin de réduire au minimum les travaux et les déplacements en hauteur qui exposent à un risque de chute.
Une phase de reconnaissance du chantier est nécessaire pour détecter les dangers tels que l’emplacement des lignes électriques. Cette phase permet également de vérifier si le chantier est proche d’une voirie routière ou du passage d’usagers, et d’évaluer les risques de chute de hauteur.
Il est également important que vous vous assurez que les conditions climatiques permettent à vos salariés de travailler en toute sécurité (orage, vents violents, gel, températures extrêmes…).
Enfin, le médecin du travail devra s’assurer que vos salariés ne présentent pas de contre-indications au travail en hauteur.
Préparer les interventions
Pour mieux prévenir vos salariés, il est important d’éliminer les risques dès la conception du bâtiment, pour sa construction ou son exploitation.
Choisissez l’équipement approprié
Si vos salariés utilisent des EPI (équipements de protection individuelle), vous devez vous assurer de choisir l’équipement approprié.
Il existe plusieurs modèles et qualités d’EPI, faire des recherches en amont vous permettra d’étudier les besoins et les risques probables de ces équipements afin de déterminer lequel est le meilleur pour la sécurité de vos salariés.
Assurez-vous également que vos salariés peuvent ajuster correctement leurs harnais afin qu’ils s’adaptent correctement à cet équipement.
Inspectez vos équipements
Avant chaque opération, il est primordial que les employés inspectent leur EPI afin d’éviter les chutes. Concernant les harnais et les longes par exemple, ils doivent être inspectés périodiquement par une personne compétente mais aussi par l’utilisateur avant chaque utilisation. Pour que cela soit fait correctement, vos utilisateurs doivent être formés.
Bien comprendre la distance de chute
La distance de chute réelle doit inclure :
- la longueur de la longe de votre salarié lorsqu’elle est déployée ;
- la longueur de son corps sous l’anneau en D ;
- Tout fléchissement du harnais et du système d’ancrage.
Il faut donc s’assurer que vos salariés prennent bien en compte le déploiement de l’absorbeur d’énergie, en ajoutant une distance de 1 à 2 mètres.
Sélectionnez un point d’ancrage
Un point d’ancrage est un dispositif de sécurité qui assure une protection individuelle sur un chantier de travail en hauteur. C’est un élément essentiel de tout système de protection individuelle contre les chutes.
Le point d’ancrage doit résister à une force de 10 Kn durant 3 min, il faut donc prévoir en amont l’emplacement de celui-ci.
Former, informer et sensibiliser
Le travail en hauteur est un facteur de risque nécessitant une formation spécifique pour le personnel concerné. Que cette activité soit régulière ou occasionnelle, une formation à la prévention des risques est obligatoire.
L’employeur doit mettre en place une formation sur le travail en hauteur pour ses salariés, adaptée aux interventions et aux situations rencontrées afin qu’ils soient formés à : l’utilisation des EPI antichute (harnais, longes, système antichute, etc.) ; l’utilisation des EPC (garde-corps, nacelles élévatrices, échelles, filets …), aux déplacements sur cordes.
Il est bon de noter que pour exercer le métier de travail en hauteur il est préférable de ne pas être sujet au vertige, être en bonne santé et ne présenter aucune contre-indication médicale.
Sélectionner les équipements de protection collective (EPC) et les équipements de protection individuelle (EPI)
Les EPC
Les équipements de protection collective (EPC) sont des dispositifs techniques qui isolent un danger des personnes potentiellement exposées à ce même danger. L’EPC permet de protéger toute personne se trouvant à proximité du danger.
Il existe plusieurs types de protections collectives :
- Garde-corps : protection collective contre les chutes de hauteur qui protège les intervenants indépendamment de toute action volontaire de leur part. Il est placé à une hauteur comprise entre 1 mètre et 1,10 mètre ;
- Plateformes individuelles roulantes (PIR) : sont souvent destinés aux travaux de faible hauteur (inférieur à 3 mètres) ;
- Échafaudages : équipement de travail, composé d’éléments montés temporairement en vue de constituer des postes de travail en hauteur et permettant l’accès à ces postes ainsi que l’acheminement des produits et matériaux nécessaires à la réalisation des travaux ;
Le montage, démontage ou modification d’échafaudage doivent être accomplis sous l’autorité d’une personne compétente par des ouvriers formés spécifiquement à cet effet.
(article R. 4323-69 du Code du Travail)
- Nacelles élévatrices : appareils de levage permettant de travailler en hauteur. Elles offrent une solution temporaire d’intervention ;
- Echelles, escabeaux et marchepieds : ne doivent en aucun cas être considérées comme poste de travail mais uniquement comme un moyen d’accès à un niveau supérieur ou inférieur ;
- Les filets : équipements conçus pour réduire les accidents de travail et pour prévenir les risques de chute des employés lorsqu’ils doivent opérer en hauteur.
Les EPI
Un équipement de protection individuelle (EPI) est un dispositif ou un moyen destiné à être porté ou être tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santé ainsi que sa sécurité (Article R.233-83-3 du CT).
Lorsque les EPC ne peuvent être mis en œuvre, la protection des travailleurs doit être assurée au moyen d’un système d’arrêt de chute approprié ne permettant pas une chute de plus d’un mètre ou limitant dans les mêmes conditions les effets d’une chute de plus grande hauteur (Source : Art.R.4323-61 du CT).
Cet équipement se compose de :
- Un harnais antichute approprié associé à un système de liaison ;
- Un mécanisme de sécurité, il existe 2 types de mécanismes :
- Antichute : système qui se bloque dès que l’accélération de l’utilisateur est trop importante ;
- Absorbeur d’énergie : dispositif obligatoire dès que la chute peut dépasser d’un mètre. Il permet d’amortir la chute ;
- Deux cordes :
- Une corde de travail constituant un moyen d’accès de descente et de soutien ;
- Une corde de sécurité équipée d’un système d’arrêt des chutes ;
- Point d’ancrage avec mousqueton ;
- L’ancrage : les ancrages fixes et structurels sont conçus pour être fixés de manière permanente à une structure. Ils permettent d’ancrer l’équipement de protection antichute dans des bâtiments, des structures ou des zones.
Lorsqu’un travailleur est confronté à ce type d’opération, il ne doit jamais intervenir seul afin de pouvoir être secouru le plus rapidement possible en cas d’incident.
Selon le type de travaux à effectuer, un casque de protection ainsi que des vêtements de haute visibilité sont recommandés pour l’ensemble du personnel intervenant sur le chantier.
De plus, chaque utilisateur doit recevoir une formation spécifique relative à l’utilisation de ce matériel.
Les réglementations des EPI :
- Avant chaque utilisation, l’agent doit contrôler visuellement le matériel ;
- Tous les 12 mois, une personne compétente examine l’état général, la solidité des coutures, etc. Cette vérification est consignée dans le registre de sécurité ;
- En cas de chute, les EPI doivent être retournés au fournisseur pour être contrôlés et remis en état ;
- Tous les EPI utilisés doivent être certifiés CE (document par lequel le fabricant atteste que son produit est conforme aux « exigences essentielles de santé et de sécurité » de la réglementation qui le concerne et par lequel il engage donc sa responsabilité).
Cas particulier : les travaux sur cordes
Les travaux sur cordes consistent à opérer en hauteur pour effectuer des tâches diverses. Très réglementée, cette activité doit être réalisée par du personnel qualifié et en toute sécurité.
L’intervention en travaux sur cordes est justifiée dans deux cas : soit par des impossibilités techniques avérées, soit par une étude des risques globaux préalable, démontrant l’intérêt de transgresser les règles générales pour la sécurité de l’agent.
Cette pratique est plus généralement utilisée dans l’élagage des arbres. Elle est décidée par l’employeur et mise en œuvre sous sa responsabilité.
Adapter ses comportements individuels
Pour assurer sa propre sécurité et celle des autres, il est important que les salariés adaptent leurs comportements en fonction des conditions :
- Fatigue et vigilance : la somnolence et la baisse de vigilance peuvent provoquer des troubles de la concentration et donc augmenter le risque de la gravité des accidents. Dans ce cas, vous pouvez former vos salariés au sommeil et à la vigilance au travail. Ils apprendront ainsi à gérer les creux de vigilance ;
- Alcool et stupéfiants : la consommation d’alcool et de stupéfiants est extrêmement dangereuse d’autant plus lorsque l’on exerce un travail en hauteur. Vous pouvez là aussi sensibiliser vos salariés aux addictions au travail ;
- Conditions météo : il est interdit de réaliser des travaux en hauteur, lorsque les conditions météorologiques (vent important, tempête…) sont mauvaises.
Faire attention à la conception des lieux et des postes de travail
Plusieurs dispositions du Code du travail sont à considérer concernant les chutes de hauteur :
- Les passerelles, planchers en encorbellement, plates-formes en surélévation, ainsi que leurs moyens d’accès sont construits, installés ou protégés de telle sorte que les travailleurs appelés à les utiliser ne soient pas exposés à des chutes (article R. 4224-5) ;
- Les puits, trappes et ouvertures de descente sont clôturés (article R. 4224-5) ;
- Les cuves, bassins et réservoirs sont construits, installés et protégés dans les conditions assurant la sécurité des travailleurs (article R. 4224-7) ;
- Les bâtiments et leurs équipements sont conçus et réalisés de telle sorte que les surfaces vitrées en élévation ou en toiture puissent être nettoyées sans danger pour les travailleurs (article R. 4214-2).
Le travail en hauteur : les interdictions
Certaines activités en relation avec les travaux en hauteur sont interdites aux jeunes de 15 ans au moins et de moins de 18 ans :
- La conduite d’équipements de travail mobiles automoteurs (article D. 4153-27 – I du Code du travail) ;
- Les travaux temporaires en hauteur en milieu professionnel lorsque la prévention des risques de chute de hauteur n’est pas assurée par des mesures de protection collective (article D. 4153-30) ;
- Le montage et démontage d’échafaudages en milieu professionnel (article D. 4153-31 – I) ;
- Les travaux en hauteur sur des arbres et autres essences ligneuses et semi-ligneuses (article D. 4153-32).
Par ailleurs, d’une manière générale, il est interdit d’utiliser des échelles, escabeaux et marchepieds comme poste de travail. Cela n’est possible qu’en cas d’impossibilité technique de recourir à un équipement assurant la protection collective des travailleurs ou lorsque l’évaluation du risque a établi que ce risque est faible et qu’il s’agit de travaux de courte durée ne présentant pas un caractère répétitif (article R. 4323-63).
De plus, il est interdit de recourir aux techniques d’accès et de positionnement au moyen de cordes pour constituer un poste de travail. Il ne peut y être dérogé qu’en cas d’impossibilité technique de faire appel à des équipements assurant la protection collective des travailleurs (articles R. 4323-89 et R. 4323-90).
Enfin, il n’est pas possible de réaliser des travaux en hauteur lorsque les conditions météorologiques (vent important, tempête…) ou les conditions liées à l’environnement du poste de travail sont susceptibles de compromettre la sécurité et la santé des travailleurs (article R. 4323-68).
Conclusion
Le travail en hauteur est un métier à risque. En effet, une simple chute d’échelle ou d’un échafaudage peut causer des blessures graves, voire irréversibles.
Les entreprises ont donc l’obligation de former leurs salariés sur les risques de ce métier et la façon dont ils peuvent les limiter.
Des formations qui ont pour objectif d’optimiser la sécurité en utilisant les EPI permettent à vos salariés de maîtriser les contraintes spécifiques du travail en hauteur et d’appréhender les mesures et pratiques de sécurité à appliquer pour prévenir les accidents.