En France, 8 à 11 millions d’aidants soutiennent un proche, et 1 salarié sur 5 est aidant. (Source : Ministère des Solidarités et de la Santé).

Le nombre de salariés qui assume le rôle d’aidant familial ne cesse de croître. Problème :  ce rôle peut entraîner de l’épuisement, du stress, des absences au travail, avec à la clé de l’incompréhension de la part des collègues et de l’employeur.

Alors, en tant que dirigeant ou manager, que pouvez-vous faire pour aider et soutenir vos salariés aidants ? Comment sensibiliser vos salariés à la notion de proches aidants ? Nous détaillons les solutions existantes dans la suite de l’article.

C’est quoi un salarié aidant ?

Un salarié aidant est une personne qui s’occupe activement et régulièrement d’un proche en état de dépendance (personne en situation de handicap, âgée, en perte d’autonomie) tout en ayant un statut de salarié en entreprise. 

Un aidant n’est ni un professionnel de santé, ni un bénévole d’une association. Le salarié aidant peut donc être par exemple un parent, dont l’enfant est atteint d’une pathologie invalidante, un conjoint, dont l’époux est en situation de handicap, ou encore, un voisin ami qui s’occupe d’une personne âgée et dépendante. Néanmoins, le lien de parenté n’est pas nécessaire.

Le rôle de l’aidant est de s’occuper principalement des tâches ménagères et domestiques des aidés (entretien du logement, courses, etc.). Il s’occupe de leur toilette et les accompagner lors de leurs rendez-vous médicaux et sorties. Il à également pour rôle de les épauler dans leurs démarches administratives. 

Ils ont également pour rôle de favoriser l’autonomie de l’aidé et d’assurer une disponibilité physique, morale, et parfois matérielle. 

L’impact sur la vie personnelle et professionnelle

Ce rôle affecte la vie des aidants, leur moral et leur santé. Notamment lorsqu’ils ont une activité professionnelle à gérer en même temps. 

58% des salariés aidants déclarent que leur équilibre mental et physique est affecté par cette double casquette, 

(Source : Étude OCIRP/Viavoice)

39% pensent que leur situation a été un obstacle à leur progression professionnelle (Étude OCIRP/Viavoice). 62% se sont déjà retrouvés dans un état d’épuisement intense (Guide ministériel du proche aidant).

Quels sont les besoins et attentes des aidants ?

Un tiers des salariés aidants affirment être « désemparés » face au manque de compréhension de leur employeur.

(Source : Étude OCIRP/Viavoice)

Les salariés aidants souhaitent être mieux formés et informés sur leurs droits, disposer de plus de flexibilité dans leur temps de travail (aménagements des horaires, congés par intermittence, etc.), et avoir accès à plus de moyens financiers pour exercer leur fonction.

Les salariés aidants peuvent avoir des besoins et des attentes spécifiques :

  • Besoin de flexibilité : avoir une plus grande flexibilité dans leur emploi du temps pour pouvoir s’occuper de la personne aidée, besoin de travailler à temps partiel, et d’avoir des horaires flexibles ou de travailler à domicile ;
  • Besoin de soutien émotionnel : besoin de soutien émotionnel de la part de leur employeur et de leurs collègues (parler de leur situation, recevoir des conseils ou de l’encouragement) ;
  • Attente de reconnaissance : que leur rôle d’aidant soit reconnu et valorisé par leur employeur ; 
  • Attente de formation et d’information : avoir des informations sur les ressources disponibles pour les aidants, ainsi que des conseils sur la manière de concilier leur travail et leur rôle d’aidant.

Quels sont les droits et les dispositifs pour les aidants ?

salariés aidants

Congés spécifiques pour les salariés aidants

Les salariés aidants ont le droit d’avoir des congés. Il en existe plusieurs : 

Le congé de solidarité familiale (CSF) : 

“Le congé de solidarité familiale permet au salarié de s’absenter pour assister un proche en fin de vie. Le congé débute à l’initiative du salarié. Il peut être rémunéré et peut être pris de manière continue ou fractionnée. Le congé peut être pris à temps plein ou en temps de travail partiel” (Source : Service Public).

Le congé du proche aidant (CPA) :

“Le congé de proche aidant permet au salarié de s’occuper d’une personne en situation de handicap ou âgée ou en perte d’autonomie. Ce congé est accessible sous conditions (lien familial ou étroit avec la personne aidée, résidence en France de la personne aidée) et pour une durée limitée” (Source : Service Public).

Le congé de présence parentale (CPP) :

“Le congé de présence parentale permet au salarié de s’occuper d’un enfant à charge dont l’état de santé nécessite une présence soutenue et des soins contraignants. Le salarié  bénéficie d’une réserve de jours de congés, qu’il utilise en fonction de ses besoins” (Source : Service Public).      

Le don de congés : 

“Un salarié peut, sous conditions, renoncer à tout ou partie de ses jours de repos non pris au profit d’un collègue dont un enfant est gravement malade. Ce don de jours peut également être réalisé au profit d’un collègue proche aidant. Le don de jours de repos permet au salarié qui en bénéficie d’être rémunéré pendant son absence” (Source : Service Public).

Solutions de répit possibles

Les solutions de répit sont des moyens qui permettent à l’aidant de souffler, de s’occuper de lui, et de faire face aux impératifs de la vie quotidienne (obligations sociales, professionnelles, urgences, etc.). Il en existe plusieurs, parmi elles :

  • Le droit au répit : Il est destiné à l’aidant d’une personne bénéficiaire de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA). Il permet de faire une pause grâce à une enveloppe d’aide annuelle (montant pouvant aller jusqu’à 500 €). Elle peut servir à financer un hébergement temporaire, un accueil de jour du proche aidé ou un renforcement de l’aide à domicile ;
  • Le forfait temps libre : Il permet aux aidants de bénéficier d’heures pour eux pendant lesquelles un professionnel qualifié se déplace au domicile du proche aidé et les remplace. Ces forfaits sont proposés par les plateformes d’accompagnement et de répit (PFR). Une participation (5€/heure en général) peut être demandée ;
  • L’accueil de jour : C’est un accueil qui peut durer 1/2 journée voire plusieurs jours par semaine. Pour les personnes âgées, il peut être rattaché à un EHPAD ou à un hôpital gériatrique. Cet accueil est aussi possible pour les enfants et les adultes en situation de handicap (en établissements ou associations) ;
  • L’accueil de nuit : C’est un hébergement en maison de retraite qui s’adresse aux personnes désorientées. Les services de l’EHPAD assurent la prise en charge de l’accueil (soins, toilette, repas, habillage, etc.) ; 
  • La garde itinérante de nuit : C’est un dispositif de passages de courte durée à domicile en dehors des horaires d’intervention des services intervenant en journée, pour de l’aide, du soin ou simplement une présence. Ces passages peuvent être programmés ou en urgence.

Mesure des dispositifs et valorisation des pratiques

salariés aidants

L’indice du bien-être des salariés aidants (IBEA®)

L’Ocirp et l’institut Viavoice ont élaboré un IBEA® qui s’appuie sur les réponses des salariés aidants à 12 questions : 

  1. La conciliation des vies professionnelle et personnelle ;
  2. Les opportunités de progression de carrière ; 
  3. L’écoute et le soutien par les collègues ;
  4. L’écoute et le soutien par les supérieurs ;
  5. L’écoute et le soutien par les politiques de l’entreprise ;
  6. La motivation au travail ;
  7. L’état de santé physique ;
  8. L’état de santé psychologique ; 
  9. Les outils, services et dispositifs mis en place par l’entreprise ;
  10. L’engagement de l’entreprise en faveur des salariés aidants ;
  11. Le niveau d’information délivré par l’entreprise sur les salariés aidants ;
  12. Le rapport au déni et à la méconnaissance de sa propre situation d’aidant.

En 2021, l’indice moyen mesuré s’élevait à 5,52/10. Les réponses fournies lors de cette étude ont permis de mettre en évidence le fait que la communication de l’entreprise sur les dispositifs et sur l’accompagnement est déterminante. En effet, les réponses ont été « sensibles au soutien perçu en provenance de l’entreprise ».

Labels RSE et prix

Il existe plusieurs types de labels RSE : les labels thématiques, les labels sectoriels, les labels territoriaux, etc.

Le label Cap’Handéo « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants » est un label RSE thématique qui met en évidence la performance spécifique d’une entreprise en matière d’engagement auprès de ses salariés aidants.

Il permet d’identifier, de valoriser, de différencier et de récompenser les entreprises qui se lancent dans une démarche en faveur des salariés aidants. 

Ce label compte en 2021 7 entreprises labellisées et comprend 7 engagements : 

  1. Établir un diagnostic de sa situation et définir une politique d’entreprise ;
  2. Informer les salariés sur la fonction et les droits des proches aidants ainsi que
    les dispositifs mobilisables ;
  3. Impliquer l’ensemble des parties prenantes et mobiliser les ressources
    externes ;
  4. Sensibiliser et former les managers à la question des salariés aidants ;
  5. Évaluer et adapter en continue l’offre de services, en lien avec les besoins et
    les attentes des salariés aidants ;
  6. Mesurer l’impact et améliorer en continu ses actions ;
  7. Valoriser son engagement, son label et participer aux temps de partage
    d’expérience.

Le prix « Entreprise et salariés aidants » (ESA) est un autre type de label. Il permet de valoriser les entreprises qui s’engagent envers leurs salariés aidants. 

Il a 3 objectifs : 

  1. Récompenser les meilleures initiatives des employeurs et des partenaires sociaux en faveur de leurs salariés et collègues aidants ;
  2. Favoriser le partage de bonnes pratiques au service de tous les aidants ; 
  3. Nourrir le vivre ensemble dans le monde professionnel, servir l’intérêt de tous et de chacun et permettre aux salariés concernés de rester en emploi.

Les obstacles et enjeux pour l’entreprise

L’entreprise doit faire face à plusieurs obstacles et enjeux pour pouvoir soutenir et accompagner ses salariés aidants.

Obstacles 

Le respect de la vie privée : 

Les sujets tels que les salariés aidants, le handicap, la maladie… sont souvent perçus par les employés et leurs employeurs comme appartenant à la vie privée, et donc délicats à aborder dans un cadre professionnel. 

Le déficit d’auto-reconnaissance :

De nombreux salariés ne déclarent pas leur statut d’aidant auprès de leur employeur. Soit parce qu’ils craignent les répercussions sur leur carrière, soit parce qu’ils considèrent qu’il est normal de s’occuper de ses proches. 

Les préjugés :

La mauvaise représentation des salariés aidants au travail influence aussi leur déclaration et leur intégration.

Enjeux  

L’enjeu de la non-discrimination :

Les aidants sont toujours davantage exposés aux discriminations en entreprise (pertes de responsabilités, refus de promotion ou d’augmentations, etc.). Néanmoins, le Code du travail comme la loi européenne, interdit tout type de discrimination liée à la situation de famille des salariés. 

L’enjeu de la santé et de la QVT :

L’employeur a des obligations de résultat envers ses salariés en matière de santé et de sécurité. Il doit prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir leur bien-être.

L’impact économique : 

Ne pas prendre en compte ses salariés aidants peut représenter un coût considérable pour l’entreprise en termes de productivité et de performance économique. En effet, cela est lié à la dégradation de leur santé, à la baisse de leur vigilance et de leur motivation. À l’inverse, aménager l’organisation du travail se révèle bénéfique économiquement et socialement parlant (hausse de l’engagement et de l’efficacité).

L’impact en matière de réputation :

Les salariés sont de plus en plus attentifs à l’enjeu de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Ainsi, les entreprises ont tout intérêt à instaurer des politiques RSE qui prennent en compte la question des salariés aidants pour renforcer leur image mais aussi pour fidéliser leurs collaborateurs.

Soutenir et accompagner les aidants en entreprise

Faciliter la situation des aidants

salariés aidants

Pour faciliter la situation des aidants, les employeurs et les managers peuvent : 

Réaliser un diagnostic des besoins des aidants dans l’entreprise

Encourager la parole à se libérer 

De nombreux salariés n’indiquent pas à leur employeur qu’ils sont proches aidants par pudeur ou peur d’être jugé. 

Afin de libérer la parole, plusieurs dispositifs d’écoute peuvent être mis en place pour que les aidants puissent se déclarer en toute confidentialité. Communiquer de manière transparente sur le sujet peut également permettre de libérer la parole plus facilement. Si le sujet n’est pas tabou, le salarié aidant se sentira en sécurité et compris, et pourra en parler plus librement à son employeur, son manager et/ou ses collègues.

Informer les aidants sur leurs droits

Souvent, par manque de temps et faute de savoir à qui s’adresser, les aidants n’entament pas les démarches pour bénéficier de prestations et d’aménagements, y compris au travail. Les assistants sociaux, les représentants du personnel ou les RH doivent informer les aidants sur leurs droits, notamment en termes de congés et d’aides financières et humaines. 

Proposer des aménagements spécifiques 

Les managers peuvent proposer des solutions d’aménagement du temps de travail. Il est ainsi possible de suggérer plus de télétravail, un temps partiel, des horaires décalés, ou encore des pauses-déjeuner adaptées. Ces arrangements qui répondent aux besoins des aidants peuvent leur faire gagner en qualité de vie tout en limitant les pertes de revenus.

Mettre en relation les pairs 

Vous pourriez envisager de créer un réseau d’aidants au sein de votre structure. Cela permettra aux salariés aidants puissent échanger entre eux et s’épauler.

Sensibiliser les salariés à la notion de salariés aidants

La sensibilisation des salariés à la notion de salariés aidants consiste à leur faire prendre conscience que certains de leurs collègues prennent soin quotidiennement d’un proche. 

Cette sensibilisation peut être réalisée à travers une formation ou une sensibilisation sur les salariés aidants. Elle permet de comprendre leur rôle, leurs besoins mais aussi de connaître les différents dispositifs légaux et aides qui existent. 

De plus, cela permet également de soutenir et de mieux comprendre les salariés qui doivent jongler entre leur vie professionnelle et leur rôle d’aidant.  

Vous pourriez également mettre en place un programme de formation en e-learning pour comprendre les enjeux et l’importance des salariés aidants (e-learning Salariés aidants ; e-learning Soutenir les salariés aidants). La formation en e-learning permet de sensibiliser vos salariés de manière autonome, flexible et pratique.

Conclusion

L’employeur joue un rôle important auprès des salariés aidants. En effet, il doit leur faire connaître leurs droits, notamment concernant leur droit de congés. Il a également un rôle de soutien et d’accompagnement auprès des salariés aidants qui font souvent face à de nombreux enjeux : discrimination, préjugés, reconnaissance, problèmes d’aménagements…

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