La sécurité au travail figure parmi les préoccupations majeures de bon nombre d’entreprises. Et pour cause : elle contribue à offrir un environnement de travail valorisant, sans stress et favorable au bon développement de l’entreprise. Sans oublier qu’il incombe à l’employeur de veiller à la santé et la sécurité de ses travailleurs, selon le Code du Travail.
Il n’est pourtant pas toujours simple d’impliquer les salariés dans une démarche de sécurité au quotidien, sans les ennuyer. Comment développer une véritable culture de santé et sécurité au sein de son entreprise ? Comment engager les salariés sur ces sujets essentiels de prévention santé ? Comment rendre la sécurité au travail plus ludique ?
Causeries sécurité, briefings quotidiens, challenges… : cet article a été spécialement rédigé afin de vous donner des idées de bonnes pratiques à mettre en œuvre pour développer votre culture santé et sécurité.
Sommaire de l'article
Rappel sur les obligations de l’employeur en matière de santé et de sécurité au travail
Dans le Code du Travail, il est inscrit depuis 1991 que l’employeur doit prendre les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Ces mesures, qui permettent de prévenir les maladies professionnelles et les accidents du travail, comprennent :
- L’évaluation des risques éventuels et présents dans l’environnement de travail, à inscrire dans le DUER (Document Unique d’Evaluation des Risques) et à mettre à jour une fois par an ;
- Des actions de prévention des risques professionnels : informations et formations ;
- La mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
« L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. »
Article L4121-1 du Code du travail
Plusieurs formations sont obligatoires en terme de santé et de sécurité au travail. Soit pour toutes les entreprises, soit en fonction du nombre de salariés et du type d’activité exercé. D’autres sont fortement recommandées, à défaut d’engager la responsabilité pénale de l’employeur en cas d’incident.
Pour connaître ces formations obligatoires et recommandées en entreprise, vous pouvez télécharger gratuitement ce guide pratique qui en répertorie les principales.
Développer une culture santé et sécurité au travail : les atouts pour l’entreprise
Les atouts principales d’une bonne stratégie de santé et sécurité au travail sont :
- La protection des travailleurs grâce à de meilleures conditions de travail
- L’attractivité de l’entreprise : le sentiment de sécurité est très recherché par les salariés
- La réduction des coûts liés aux arrêts maladies, aux accidents
- Le renforcement de la cohésion d’équipe
- Une indication de bonne gestion : une entreprise où la sécurité au travail est respectée est habituellement une entreprise bien gérée
51% des salariés souhaitent la mise en place prioritaire de mesures de prévention des risques professionnels.
Harmonie Mutuelle, 2018
7 bonnes pratiques pour développer la culture santé et sécurité au travail
Voyons ensemble 7 bonnes pratiques pour développer et améliorer votre culture de santé et sécurité au travail.
Former le personnel à la sécurité au travail
Parmi les formations obligatoires à mettre en œuvre au sein des entreprises : la formation générale à la sécurité. Elle doit être adaptée à la taille de l’établissement, la nature de son activité, des risques qui y sont identifiés et aux types d’emplois occupés par les salariés.
La loi n°76-1106 du 6 décembre 1976 relative au développement de la prévention des accidents du travail précise que cette formation permet aux travailleurs de :
- S’adapter aux exigences de leur environnement technique et organisationnel : les conditions de circulation dans l’entreprise, les conditions d’exécution du travail ;
- Connaître les risques spécifiques à leur environnement de travail et la conduite à tenir en cas d’accident ;
- Être au courant des mesures de prévention à respecter dans l’entreprise et les précautions à prendre pour assurer leur sécurité et celle des autres.
La formation doit être actualisée et dispensée de nouveau en cas de :
- Nouveaux embauchés ;
- Changement de postes et de techniques ;
- Reprise de travail après au moins 21 jours d’arrêt ;
- Appel à des salariés externes.
Cette formation peut être complétée par des formations à la sécurité plus spécifiques (Articles L. 4142-1 et R. 4141-10 du Code du Travail).
De nombreuses formations peuvent (et doivent pour certaines) ainsi être mises en place à tous les niveaux de la hiérarchie. Le fait d’impliquer l’ensemble du personnel permet de diffuser les bonnes pratiques et va ancrer cette culture de sécurité plus largement. Voici quelques idées de formations et d’ateliers autour de la sécurité que vous pourriez mettre en oeuvre :
- Sensibilisation à la prévention des RPS (recommandé) : les symptômes de RPS touchent de nombreux salariés, et ils sont très majoritairement causés par les conditions de travail. Il est donc fortement recommandé de prévenir ces risques.
- Formation référent harcèlement sexuel (obligatoire) : la désignation d’un référent harcèlement sexuel au sein des entreprises de plus de 11 salariés est obligatoire. Il doit suivre une formation pour connaître les enjeux de ce rôle crucial.
- Formation sécurité incendie, ou formation EPI (obligatoire) : l’Equipier de Première Intervention est capable d’intervenir sur un début d’incendie. Il peut endosser le rôle de guide-file, serre-file pour assurer la sécurité des individus présents.
- Ateliers d’éveil musculaire (très appréciés par les salariés !) : les échauffements musculaires avant la prise de poste sont très appréciés en entreprise. Ils permettent de commencer le travail dans la bonne humeur et de réduire les risques de douleurs physiques. Afin d’en faire une routine, vous pouvez former des référents internes à l’éveil musculaire, qui sauront animer des séances en toute autonomie, au quotidien !
- Formation Sauveteur Secouriste du Travail (obligatoire) : le salarié SST est capable de porter les premiers secours à toute victime d’un accident de travail. Il connaît les risques spécifiques des métiers de l’entreprise. Il est acteur de la prévention.
- Formation travail en hauteur (obligatoire) : les chutes de hauteur sont la troisième cause d’accidents du travail en France avec des blessures qui peuvent être particulièrement graves. Cette formation permet d’obtenir l’habilitation nécessaire à l’utilisation des EPI (Equipements de Protection Individuelle).
- Gestes et postures de manutention (obligatoire) : formation qui existe aussi pour le travail sur écran, les métiers de la logistique, les métiers des secteurs sanitaire et social.
Vous pourriez également penser à mettre en place des programmes de formation en e-learning. Les salariés sont ainsi autonomes dans leur apprentissage grâce à un programme interactif, pratique et disponible tout le temps. Par exemple, il existe des programmes de formation en e-learning autour des chutes de plain-pied ou autour des premiers secours en entreprise.
Découvrez, en vidéo, les séances d’éveil musculaire organisées chez Viapost :
Afficher les consignes et bonnes pratiques de sécurité au travail
Les consignes de sécurité et d’incendie doivent obligatoirement être affichées clairement et de manière visible dans les locaux des établissements (Article R4227-37 du Code du Travail). Une consigne de sécurité doit comporter au minimum :
- un titre clair et précis
- la mention permanente ou temporaire
- le contexte dans lequel la consigne s’applique
- les actions à mener et le numéro d’urgence à contacter.
Vous pouvez, également afficher les bonnes pratiques de sécurité sous forme de notes et d’infographies. Elles pourront se situer sur les murs de vos locaux, à des endroits stratégiques.
Voici des exemples d’affiches que nos entreprises clientes apposent sur les murs de leurs locaux, afin d’ancrer les bonnes habitudes dans les esprits de chaque salarié :
Organiser des briefings de sécurité quotidiennement
Les briefings quotidiens peuvent faire partie intégrante de votre standard de santé et sécurité au travail. Très courts, les briefings sont des séances de partage d’informations qui ont pour objectif de :
- Rappeler les consignes de sécurité aux collaborateurs et les points de vigilance ;
- Faire un bilan de la veille et des tâches de la journée ;
- Etablir les rôles et responsabilités de chacun de manière claire ainsi que les objectifs à réaliser ;
- Valoriser les bonnes pratiques et revenir sur les écarts détectés sur le terrain la veille.
Les briefings se font tous les jours, dès l’arrivée des travailleurs, avant leur prise de poste. Ils peuvent être menés par les managers de proximité, qui doivent entraîner leurs équipes dans un état d’esprit de prudence et de performance, mais aussi fédérer autour d’une démarche préventive. Pour cela, la qualité de la communication est une condition incontournable d’un briefing réussi.
Les managers de proximité, référents ou directeurs doivent inspirer et montrer l’exemple pour que chaque travailleur suive le mouvement en ancrant les bonnes pratiques de sécurité dans son quotidien.
65,3 millions de journées non travaillées en 2020 sont liées à des AT/MP, soit l’équivalent de 281 858 emplois à temps plein.
L’essentiel 2020, santé et sécurité au travail, Assurance maladie, 2021
Créer des challenge sécurité
Pour motiver les salariés, rien de tel que de rendre la sécurité ludique. Pour cela, faites marcher votre imagination : imaginez des challenge qui récompensent les comportements positifs. Ces challenges sécurité représentent un levier intéressant pour booster votre démarche de prévention. Ils favorisent la participation, l’adhésion, améliorent le taux d’apprentissage et réduisent ainsi les accidents du travail.
Voici quelques exemples d’idées de petits challenges faciles à mettre en place :
- Le challenge zéro accident : si aucun accident n’est relevé au cours du mois, le petit déjeuner est offert à l’ensemble du personnel ;
- Le challenge photo : proposer aux agents de se prendre en photo en situation de mise en sécurité et demander à l’ensemble du personnel de voter pour les meilleures photos ;
- Le challenge du meilleur technicien : élaborer une grille de cotation selon des thèmes (absentéisme, comportement, nombre de remontées de situations dangereuses, nombre d’accidents du travail, ect.). Les trois meilleures techniciens remportent des lots.
Ou bien créer des challenge éphémères sur une journée dédiée à la sécurité, comme :
- Des énigmes à résoudre sur la prévention des risques ;
- Des Serious Games ou Escape Game ;
- Une chasse aux risques : vous créez des équipes qui doivent identifier toutes les situations de travail dangereuses et les traiter ;
- Des jeux de questions/réponses et autres exercices en équipes.
N’oubliez pas de récompenser les vainqueurs : coffret voyage, activité à sensation, bons cadeaux, ect. Les comportements de sécurité positifs doivent être valorisés pour mettre en avant votre culture sécurité.
Voici par exemple des challenge organisés chez l’un de nos clients pour réduire les accidents au travail :
Rendre les salariés contributeurs-acteurs
Les managers n’hésitent pas à communiquer et faire des feedbacks réguliers lorsque des mauvaises pratiques de sécurité sont constatées. Néanmoins, la communication ne doit pas se faire en sens unique.
Les salariés aussi doivent pouvoir faire des feedbacks sur leurs conditions de travail et proposer des améliorations. Vous pouvez par exemple, mettre en place une boite à idées, où chacun pourrait y inscrire des idées d’amélioration des conditions de travail, de manière anonyme.
Les salariés sont au cœur du travail réalisé, aussi sont-ils les premiers à savoir ce dont ils auraient besoin pour mieux travailler. Il est donc primordial d’être à leur écoute et de faire remonter les problématiques vécues par eux-mêmes au quotidien. D’autant plus qu’un salarié écouté et acteur de son travail a un rapport différent avec sa hiérarchie.
Le salarié devient contributeur-acteur de son travail et non plus simple spectateur impuissant. C’est un moyen efficace pour la direction de répondre aux interrogations de ses collaborateurs et de déléguer certaines tâches d’améliorations.
Mais attention, la boite à idées ne doit pas prendre la poussière et s’essouffler. Elle s’organise et se gère avec des règles (boite par secteur/service s’il y a beaucoup de collaborateurs par exemple).
Des réunions régulières autour des idées proposées doivent être revues pour validation et mises en place si pertinentes. Cela permet de montrer que vous prenez en compte les remarques de vos salariés. De même, il convient de suivre l’impact de ces actions pour en noter les possibles bienfaits.
39% des salariés et 48% des employeurs s’accordent sur la nécessité d’un environnement de travail plus favorable à la santé.
Etude « Santé à la carte », Mercer Marsh Benefits France, 2020
Organiser des événements autour de la sécurité
Pourquoi ne pas organiser des événements autour de la sécurité dans votre entreprise ? De nombreuses organisations le font déjà.
L’évènement le plus connu est le Safety Day, ou journée santé-sécurité. Il s’agit d’une journée pendant laquelle plusieurs ateliers autour de la sécurité, de la prévention santé et du bien-être sont organisés. Parmi les ateliers phares à organiser lors d’un Safety Day, il y a :
- Formation premiers secours, pour apprendre à vos salariés les premiers gestes d’urgence en cas de problème ;
- Massages assis en entreprise, pour soulager les douleurs physiques de vos collaborateurs (ils en ont bien besoin !) ;
- Un atelier d’éveil musculaire, pour initier vos collaborateurs à cette pratique d’échauffement. Par la suite, l’éveil musculaire peut devenir une routine avant la prise de poste de vos salariés ;
- Sensibilisation au travail de nuit et à la vigilance au volant, voire au travail de nuit et au sommeil, pour mieux gérer la somnolence et la fatigue ;
- Prévention aux chutes de plain-pied : une formation axée sur la pratique pour montrer comment éviter les situations à risque ;
- Formation gestes et postures pour apprendre les bons gestes et postures en fonction du métier exercé et éviter les douleurs physiques ;
- Un atelier de simulation de vieillissement : les salariés enfilent une combinaison vieillissante et appréhendent ainsi les effets du temps sur le corps, parfait pour sensibiliser à la prévention des TMS ! ;
- Quiz sécurité au travail : les collaborateurs répondent à un quiz autour de thématiques diverses sur la sécurité au travail, puis l’intervenant donne des conseils et bonnes pratiques. Testez vos connaissances et celles de vos équipes en matière de sécurité au travail :
Besoin d’un coup de pouce pour organiser votre journée sécurité ? Découvrez notre webinaire sur les 6 étapes clés pour réussir son Safety Day :
Les travailleurs de nuit dorment en moyenne une heure de moins que les travailleurs de jour. C’est l’équivalent d’une nuit de moins par semaine, et de 40 nuits de moins par an.
« Le temps de sommeil en France », Santé Publique France, mars 2019
Pour découvrir d’autres idées d’ateliers pour votre Safety Day, nous avons un article spécial sur le sujet. Nous avons également un guide pratique qui vous livre tous nos conseils pour faire de cette journée sécurité une réussite !
Le Safety Day peut se mettre en œuvre à n’importe quel moment de l’année. Vous pouvez également vous inspirer d’évènements annuels pour organiser des journées spéciales autour de la sécurité. En voici quelques exemples :
- Journée mondiale sur la sécurité et la santé au travail (avril)
- Journées de la sécurité routière (mai)
- Semaine de la Qualité de Vie au Travail (1 semaine en juin)
- Mois sans Tabac (novembre)
Animer des causeries sécurité
Les causeries sécurité ou quarts d’heures, voire minutes sécurité sont idéales pour impliquer les salariés et les faire participer à l’amélioration de la culture sécurité. Il s’agit de points organisés régulièrement autour de thèmes précis, qui durent généralement entre 15 et 30 minutes. Ces points permettent de faire des rappels ou de partager des nouvelles dispositions, en parlant toujours du terrain. Pédagogiques, informatives, participatives, elles permettent à chacun de réactualiser ses connaissances et de provoquer une réflexion sur son rapport personnel à ce risque.
De quoi parle-t-on pendant une causerie sécurité ?
Les thèmes choisis doivent faire écho aux situations rencontrées dans l’entreprise par vos collaborateurs. Ils doivent également s’inscrire dans la démarche de prévention de votre entreprise. Vous pouvez par exemple parler :
- De la santé et la qualité de vie au travail ;
- Des risques d’incendie et des premiers secours ;
- Des troubles musculo-squelettiques ;
- Des addictions ;
- De la vigilance au travail ;
- Des risques chimiques.
21 512€, c’est le coût moyen d’un TMS.
Caisse Nationale de l’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés
Conclusion
J’espère que ces 7 bonnes pratiques de santé et sécurité au travail vous ont inspiré. Il existe bien évidemment de nombreuses autres bonnes pratiques pour développer sa culture sécurité au travail. Il suffit de bien observer et comprendre les problématiques vécues par ses salariés au quotidien et surtout… d’être créatif.
Si vous en avez d’autres à partager, n’hésitez pas à les écrire en commentaire ! Histoire d’inspirer d’autres entreprises et faire de la sécurité des salariés, un sujet au centre de toutes les préoccupations.